17 mai : LA DEBÂCLE

Et puis tout s’est accéléré :  le 17 ce n’était plus des civils, mais des soldats français, une armée en retraite, encore en bon ordre mais complètement démoralisée. « On ne peut pas lutter ; ils sont trop forts » ¹ ; ils parlaient d’atrocités commises par les allemands : «Vous ne pouvez pas rester, - il faut partir !… » Partir, laisser sa maison livrée aux bombes, aux pillards ; il n’en était pas question!… Mais les avions étaient de plus en plus nombreux, des villages environnant étaient bombardés, on entendait les tirs ininterrompus de la DCA. Les sirènes d’alerte n’arrêtaient pas de sonner. Sur l’avenue de Liège, il y avait de plus en plus de réfugiés civils, des belges ayant fui les bombardements… Des rumeurs alarmistes circulaient : Place Poterne j’entends dire que des coups de feu ont été tirés dans l’abri de la plaine de Mons, c’est la 5ème colonne !… Il faut partir Madame, il va y avoir une bataille ! Une dame dit qu’un gros canon a été mis en batterie sur la place d’Armes ; le lendemain j’entendrai raconter – je ne sais pas si c’est vrai – que les canonniers ont été enchaînés à leur pièces… En début d’après-midi, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre : l’ordre d’évacuation a été donné en fin de matinée ; les employés de la poste sont déjà en route...² Il n'y a plus le choix ; en un instant tout est au départ ; préparer ses bagages en emmenant ce qui est plus précieux. .

Tout de même, c’était terrible d’abandonner sa maison avec toutes ses affaires dedans, en se disant qu’elle risquait d’être détruite, en tout cas pillée ; qu’allait-on retrouver ? …

1 Souvenirs d’Auguste Grauwin

2 Monsieur Trotin se souvient que son père prévoyant la cohue, avait décidé de prendre le train le soir même pour Douai afin de prendre de bon matin le train de Paris. Ils ont passé la nuit dans un passage souterrain de la gare de Douai.

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[Aline Jouet]

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