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VALENCIENNES 1940
11 juin 2021

18-19 mai - L'EVACUATION (suite)

gare amiens 1940

aucheDépot de Longueau avant 1940SansMoyenne

Amiens : le train sous les bombes.

Enfin nous étions en route, mais loin d’être sauvés. Nous arrivâmes à Amiens en début d’après-midi 1ou le train s’arrêta un certain temps.2 La gare était noire de monde ; des gens qui cherchaient à partir, bien sûr, mais surtout beaucoup de soldats anglais, tout un régiment qui attendait pour embarquer. Ils étaient loin de se douter, qu’une heure plus tard beaucoup d’entre eux seraient tués ! A la sortie d’Amiens le train s’est arrêté en rase-campagne, une sorte de gare de triage...3. Avec tous ces avions qui tournaient, c’était vraiment pas un bon endroit ; on voyait des soldats charger des munitions dans un train. Lorsque les premières bombes tombèrent ce fut la panique. Un bombardement terrible, un vacarme épouvantable, des hurlements.... Plusieurs personnes devinrent folles. Le conducteur du train, terrorisé, s’était sauvé à travers champs ; on ne le revit pas, il fallut le remplacer. Dans le train, les gens cherchaient s’abriter , en face de nous une femme, perdant la tête, était montée sur la banquette comme si elle voulait s’échapper par le plafond ! Moi, c’est bizarre, j’étais comme paralysée ; j’avais peur mais j’étais incapable de bouger. Je priai la vierge, lui promettant que si nous en réchappions je ferai un pèlerinage à Lourdes 4 et que si j’avais un autre enfant je lui donnerait son nom. C’est pour cela que tu as « Marie » comme deuxième prénom. Danièle réveillée en sursaut par le bruit des bombes, terrorisée, se mit à hurler ; on arrivait pas à la calmer. Je suis sûre que c’est cela la cause de ses cauchemars.

Il a fallu attendre longtemps avant de repartir ; certaines voies avaient été endommagées, cela prenait du temps de les réparer, du coup des trains étaient détournés, ça ralentissait le trafic. Nous on avait qu’une seule idée, c’était qu’on reparte, se sauver, on craignait une nouvelle attaque. Il y toujours plein d’avions dans le ciel ; il faut croire qu’on ne les intéressait plus qu’ils estimaient avoir tué assez de monde… . Et puis, l’on nous assurait que c’était moins dangereux de circuler la nuit, on ne nous verrait pas et d’ailleurs les avions boches sortaient moins nombreux. Mais le lendemain matin ils étaient toujours là. Nous n’avions aucune nouvelle de la guerre ; on se disait que cela devait aller vraiment mal pour qu’ils soient installés comme chez eux dans le ciel. Ils nous ont suivi jusque la Loire1.

Nous avons fini par repartir, je ne sais plus où on est passés, tout était bouleversé par les bombardements, il y avait de nombreux arrêts, ça n’en finissait pas. Cela allait faire deux jours nous étions partis ; deux jours à avoir peur, enfermés dans se wagon, à ne pas pouvoir dormir, se laver, changer Danièle… Les quelques provisions que nous avions emmenées étaient épuisées ; il était difficile de se procurer de l’eau. Normalement nous étions attendus, des comités d’accueil avaient été étaient installés dans les gares où nous nous arrêtions, mais tout était désorganisé.

1Eric Alari : l’EXODE

5Note : Curieusement dans son récit Jeanne ne faisait pas mention de la réaction de ses parents et notamment de son père, pourtant référence en matière de force et d’expérience et, de plus, retraité des Chemins de Fer du Nord. La connaissant, elle n’aurait pas manqué de décrire leur réaction face à une situation aussi traumatisante. Ou tout simplement, fait mention du fait que sa situation de cheminot, ayant fait toute sa carrière à la gare de Valenciennes, aurait dû faciliter leur accès à un train. Au point que je me suis demandé s’ils étaient dans le même train. Vérification faite au près de ma sœur il n’y a aucun doute ils étaient bien dans ce train là.

1Vers 15 heures,

2Je crois me souvenir que dans son récit Maman disait que le train s’était arrêté et qu’elle était descendue du train pour aller acheter de quoi manger ou boire.

3Le samedi 18 mai 1940 vers 15 heures, Amiens subit un premier bombardement : une douzaine d'avions allemands s'abattirent en piqué sur la ville. Les bombes touchèrent la gare de triage de Longueau à l'est de la ville et le quartier Saint-Roch à l'ouest du centre ville. La gare Saint-Roch fut détruite en grande partie faisant une dizaine de tués et un plus grand nombre de blessés parmi la population et les militaires britanniques dont le train stationnait en gare.

4Promesse tenue en 1958, année du centenaire des apparitions, en marge de vacances au pays basque.

5toute sa jeunesse elle fut sujette à des terreurs nocturnes récurrentes.

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Commentaires
B
Mon grand père a été tué à l'angle de la place poterne et la maison de mon père bombardée le 10 mai. Sa maison était rue de l'épaix et ma mère rue st martin. Votre mère habitait très près. Pouvez vous me donner son nom ma mère connaissait tout le monde du quartier<br /> <br /> Merci
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VALENCIENNES 1940
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